Banques : La faillite de SVB quelles-sont les causes et les conséquences ?
- Marc Tauvernier
- 14 mars 2023
- 4 min de lecture

Le 10 mars, les régulateurs bancaires californiens et fédéraux ont acté la fermeture administrative de la Silicon Valley Bank (SVB) et ont saisi ses dépôts expliquant qu'elle faisait face à une situation d'insolvabilité et d'illiquidité. Il s'agit de la 2eme plus grande faillite d'une institution financière américaine après celle de Washington Mutual en 2008. Cette banque, spécialisée dans les services bancaires aux startups technologiques de la Silicon Valley, était la 16eme banque commerciale des États-Unis avec environ 209 milliards USD d'actifs consolidés à la fin 2022 .
Pour les analystes de Coface, sa faillite ne semble pas être systémique, mais elle met en évidence l'impact des hausses de taux sur la stabilité financière et des risques accrus pour l'industrie technologique américaine. Ces événements nous rappellent également que les impacts du resserrement monétaire sont encore largement à venir .
Un échec qui peut être attribué à une clientèle insuffisamment diversifiée, mais aussi au resserrement de politique monétaire événements.

La SVB était spécialisée dans la fourniture de services bancaires aux entreprises technologiques et biotechnologiques. Lors de la pandémie et alors que l'industrie technologique californienne connaissait un "boom", SVB a vu ses dépôts augmenter de manière significative (+86% en 2021) et a investi de manière substantielle dans des bons du Trésor et des titres adossés à des créances hypothécaires, rappelle Coface.
Ce modèle a rendu SVB vulnérable aux hausses de taux d'intérêt à deux titres :
Premièrement, la hausse des taux d'intérêt a frappé de plein fouet sa clientèle technologique. Elle a entraîné une baisse des financements par capital-risque et une augmentation de la consommation de liquidités des entreprises technologiques. Cela a entraîné de forts retraits par les clients de SVB en 2022.
Deuxièmement, la hausse des taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine (Fed) a entraîné une baisse de la valeur des titres américains, ce qui a pesé sur la valorisation des actifs détenus par la SVB.
La détérioration de la situation financière de SVB a provoqué la perte de confiance de ses clients et investisseurs et une panique bancaire (bank run)... Le 9 mars, l'action de la banque a chuté d'environ 60%. Le même jour, les investisseurs et déposants ont commencé à retirer environ 42 milliards de dollars américains. Les régulateurs n'ont ainsi eu d'autre choix que de fermer administrativement la SVB. Le 12 mars, les autorités ont annoncé que tous les déposants seraient protégés et remboursés intégralement, au-delà des garanties normalement prévues par la loi.
Le principal risque est celui d'une contagion.

Pour l'instant, les problèmes de la SVB semblent plus idiosyncratiques que systémiques, même si la Federal Deposit Insurance Corporation estime que les pertes non réalisées des banques américaines s'élèvent à 620 milliards de dollars.
Les grandes banques américaines sont bien plus diversifiées que la SVB.
Les inquiétudes portent davantage sur des banques régionales avec un profil proche de celui de la SVB. Les échanges d'actions de plusieurs autres banques, dont First Republic Bank, PacWest Bancorp et Signature Bank, ont été suspendus le 10 mars. Les autorités de régulation ont annoncé la fermeture de cette dernière, l'une des principales banques de l'industrie de la crypto industrie, le 12 mars.
Pour endiguer la contagion, les régulateurs américains ont annoncé la mise en place d'une nouvelle facilité de prêt d'urgence visant à garantir que "les banques aient la capacité de répondre aux besoins de tous leurs déposants" et ont déclaré qu'ils étaient prêts à faire face à toute pression sur les liquidités qui pourrait survenir.
Les responsables politiques montent au créneau.

"Il n'y a pas d'alerte spécifique" sur le secteur bancaire français après la faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank (SVB), a déclaré lundi le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire sur franceinfo. Se voulant rassurant, ce dernier a estimé que "les banques françaises sont solides, le système bancaire français est solide".
Outre-Atlantique, le président Joe Biden a estimé que les mesures d'urgence prises par les régulateurs pour préserver les dépôts bancaires après la faillite de Silicon Valley Bank et Signature Bank devraient convaincre les Américains que le système bancaire est sûr... "Les Américains peuvent avoir confiance dans le fait que le système bancaire est sûr. Vos dépôts seront là quand vous en aurez besoin", a expliqué Joe Biden.
Le président des Etats-Unis a promis des sanctions contre les dirigeants des deux banques en faillite et précisé que les investisseurs qui y ont contribué "y laisseraient des plumes". "Ils ont pris un risque en connaissance de cause, et quand le risque n'est pas payant, ceux qui l'ont pris perdent de l'argent... C'est comme ça que fonctionne le capitalisme", a poursuivi Joe Biden, assurant au contribuables américains "n'auraient pas un cent à débourser".
Le président américaine a précisé qu'il allait demander aux régulateurs et au Congrès US d'imposer des règles plus strictes aux grandes banques, même s'il n'est pas certain de disposer pour cela d'une majorité parlementaire : "Je vais demander au Congrès et aux régulateurs bancaires de renforcer les règles pour les banques afin de réduire le risque que ce type de faillite bancaire se reproduise et de protéger les emplois américains", a-t-il dit.
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